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  • L'ami étranger, de Christoph Hein ( Métailié, 2001)

    couv-375-X-300x460.jpgChristoph Hein signe ici un texte éprouvant, de ceux qui crissent autant que la craie sur le tableau noir parce qu'on y trouve des vérités plus que malheureuses à entendre. À travers une narratrice à la vie indifférente et terne, est mis en scène le type d'existence que mènent ceux qui ont choisi de vivre selon l'un des tristes proverbes allemands dévoilé par l'auteur : "Ce qui vous fait peur vous détruit, alors pourquoi s'en occuper ?" Mais à se détourner des ombres du passé, celle du nazisme, du communisme, d'une réunification trop récente, Christophe Hein rappelle que la grande gagnante est la mort : le suicide ? ou bien pire ? l'ennui, le vide. C'est une Allemagne coupée de ses désirs qui apparaît à chaque page de ce récit. Un pays rongé par les affres du déni. Pourtant, l'auteur signale un autre proverbe, qu'assurément, nous pourrions tous prendre à notre compte : "Un malheur que l'on regarde en face cesse d'être un malheur." --Isabelle Rossignol

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  • Daewoo, de François Bon (Fayard, 2004)

    couv_daewoo.jpgLa Lorraine. Dans le paysage de fer et d'acier ravagé par la crise de la sidérurgie, l'implantation à coups de subventions publiques de trois usines du groupe coréen Daewoo, fours à micro-ondes, téléviseurs.
    Entre septembre 2002 et janvier 2003, fermeture brutale de trois usines, dont une sera incendiée. Pourtant, la première fois que j'entre à Fameck dans l'usine vide, vendue aux enchères aucune trace de cette violence sociale qui a jeté sur le pavé 1200 personnes, des femmes surtout.
    Au cours de mes visites, j'en rencontrai bien sûr. Des voix toutes chargées d'émotion, la violence du travail à la chaîne, et la violence ensuite des luttes. Comment affronter maintenant le quotidien vide, et ce qu'il en est pour les enfants, pour le temps, pour sa propre idée de la vie ?
    Ces récits entendus, les transcrire ne suffit pas : il faut raconter, reconstruire, la cellule de reclassement, les appartements où vous êtes reçu et le supermarché. Ce qui est proposé comme nouvelle figure du travail ? Centres d'appels, marché du chien.
    Il faut aussi entrer dans les silences. On vous parle d'une qui n'est plus.
    Ce n'est pas un livre prémédité : il s'agissait au départ de jouer, ici même, une pièce de théâtre. Et puis, à cause des visages, pour la densité des mots en partage, je décide d'écrire. Si les ouvrières n'ont plus leur place nulle part, que le roman soit mémoire.

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  • Marcel, d'Erwin Mortier (Fayard, 2003)

    marcel.jpgAu début des années 1970, un petit garçon est élevé par ses grands-parents dans un village de Flandre où les vieilles rancunes sont tenaces, la guerre mal digérée.
    La grand-mère du garçon partage son temps entre son métier de couturière et sa passion pour les morts : derrière les vitres de l'armoire du salon, elle range et époussette sa galerie de photos des défunts de la famille. Parmi cette collection, le portrait de Marcel, décédé quelques dizaines d'années plus tôt sur le front de l'Est, fascine particulièrement l'enfant. Qui est donc ce Marcel, cette ombre omniprésente qui plane sur le petit garçon et tout son entourage ? À mesure que le récit avance, une pesante atmosphère de non-dits s'installe le garçonnet regarde avec sa naïveté d'enfant cet univers feutré où une douloureuse histoire familiale affleure sans cesse.

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