Ce soir là, Clémence avait eu la permission de sortir, oh pas très tard ! Il avait fallu palabrer avec le "monstre bicéphale", nom qu'elle donne à ses parents, jamais capables de prendre une décision l'un sans l'autre. Mais, en chemin, elle fait la mauvaise rencontre, la rencontre avec le monstre, avec le connard, les seuls mots qui lui viendront pour qualifier celui qui lui a fait peur, qui l'a salie avec ses mots orduriers, qui l'a menacée avec un couteau. La jeune fille n'a pas été violée, mais quelle différence ? Elle se sent sale, incapable de se confier, incapable d'expliquer l'inexplicable. Ce traumatisme va contaminer son existence ; peu à peu, elle ne ressent plus rien : ni le chaud, ni le froid, ni les caresses . . .
Adulte, elle devient maquilleuse de poupées sexuelles destinées à des hommes trop seuls. Tous les 29 du mois, date anniversaire de son agression, Clémence s'habille de façon provocante et part en chasse. Elle" baise" alors qu'elle n'aime pas ça , alors qu'elle ne ressent rien ! Jusqu'au jour où . . .
Les corps inutiles, est un roman passionnant, poignant et émouvant.
Les descriptions, les émotions, les sensations sont livrées avec justesse et finesse, dans un style vif, énergique et poétique à la fois. L'alternance entre deux tableaux, Clémence à 15 ans et Clémence à 30 ans, ne casse pas le rythme du roman. On se laisse emporter par ce drame psychologique qui prend des accents de roman policier quand Clémence rencontre Damien, un singulier policier qui va l'aider. A lire vraiment. SN