Elle portait des cheveux un peu plus longs que par le passé. Sa blondeur s'était mêlée d'argent. Son visage gardait la beauté simple qui en était la marque. A peine les rides l'avaient-elles tissé d'un mince réseau de blessures. Le temps s'était déposé en elle, avec sa fatigue et son poids, comme une poussière. Étaient-ce les années vécues sans la voir qui me faisaient la croire plus jeune qu'elle n'était en vérité ? "
A la mort de sa mère, le narrateur revient sur les lieux de son enfance, dans une petite ville du Nord inondée par la crue d'une rivière. Durant les trois jours qu'il passera là surgissent les figures disparues, celle de la mère bien sûr, jadis aimée plus que tout, et celle plus inquiétante du père absent dont la légende dit qu'il est mort dans une guerre lointaine.
Roman poignant où, par petites touches, Philippe Claudel explore l'amour filial avec une extrême délicatesse et une surprenante réserve.
"Une écriture pure, simple, attachante alors qu'il ne se passe rien! : le narrateur vient enterrer sa mère qu'il n'a pas vue depuis seize ans. Il est donc retourné en Lorraine, dans un bourg complètement inondé... Il rencontre ainsi de curieux personnages qu'il ne reconnaît pas toujours. Le héros est obsédé par l'image de son père dont sa mère n'a jamais voulu prononcer le nom, d'où le départ du fils... C'est vrai, chacun a des regrets, voire des remords qu'on essaie désespérément de refouler mais qui s'imposent et qui reviennent lors de cauchemars...
La fin donne la clé de l'énigme ; il sait enfin qui est son père et se rend compte qu'il a injustement "puni" sa mère innocente ..." JF