Trente août 1944. Dans un petit village haut-jurassien, à la frontière franco-suisse, une embuscade a été tendue par les maquisards pour piéger les soldats allemands en repli vers le nord-est. Les représailles sont sanglantes. Elle, douze ans, orpheline et fille d’ouvrier, lui, seize ans, paysan-contrebandier, assistent chacun de leur côté et sans se connaître, à cet événement. Ils racontent. Avec leurs mots, leur âme, leur chair. Pour tenter de les comprendre, l’auteure, qui est aussi narratrice et fille des deux personnages, mène une enquête, recueille scrupuleusement leurs témoignages qu’elle confronte aux documents historiques. Elle dénoue un à un les nœuds de leur enfance, et, retrace, comme si elle marchait dans leurs pas, la trajectoire ordinaire de leurs deux destinées. Des mots qui reviennent comme un leitmotiv, parfois graves, parfois cocasses et qu’elle retranscrit crûment, sans artifices. C’est aussi sous l’éclairage de sa propre enfance qu’elle essaie de les retrouver. Et l’on glisse sur le fil de la vie, entre passé et présent. La musique intervient comme un tiers, tissant des liens entre les hommes. L’amour qui unit ces deux personnages défiera le temps et agira comme un baume réparateur sur la mémoire qui s’en va.