August, surnommé Auggie, est né avec une malformation faciale que des opérations à répétition n'ont pas réussi à rendre acceptable, notamment aux yeux des autres enfants. Scolarisé à la maison tant qu'il était petit, il va entrer au collège pour la première fois. A la fois apeuré et excité par ce changement de vie, Auggie découvre bientôt un monde de liberté, mais aussi de rivalités et de moqueries...
Sans rentrer dans le misérabilisme, l'histoire d'Auggie est poignante, difficile à supporter. Petit bonhomme courage, il va bien sûr raconter en première ligne son quotidien avec une naïveté d'enfant choyé, ce qui n'enlève rien à ses souffrances. Les détails physiques sont là, pas trop nombreux toutefois, car Auggie a accepté sa différence et préfère nous parler de ses relations aux autres.
Mais – c'est le grand intérêt du livre - il ne sera pas le seul à s'exprimer : sa sœur Olivia, des amis et parfois même des ennemis du collège nous disent aussi leur façon de côtoyer le jeune garçon. La multiplicité des points de vue replace donc le handicap dans un contexte assez large (on peut ainsi citer Olivia expliquant la difficulté de passer toujours derrière ce petit frère adoré).
Au centre des récits des uns et des autres revient sans cesse la question de la « normalité » d'Auggie : comment se comporter avec lui ? Comment respecter ses faiblesses physiques sans les stigmatiser ? Peut-on faire comme si tout allait bien ? Les réponses ne viendront pas vraiment, ou tout du moins pas facilement. Auggie va finir par être intégré parmi ses camarades. C'est donc une fin heureuse, qu'on ne peut s'empêcher malgré tout de penser provisoire : Auggie, poussé par l'amour que lui porte les siens, sûr d'avoir des enfants un jour, devra sans doute batailler pour se faire accepter à chaque changement d'environnement... L'auteure gage qu'il en aura largement le courage, et on adore la croire dans ce livre sur un fil de finesse touchante.